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Le Diamantaire – Joyaux de rue

19 juin 2017
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Le Diamantaire – joyaux de rue

www.lediamantaire-paris.fr

Instagram Le Diamantaire

Petits, brillants, séduisants… Difficile de ne pas chercher son reflet dans les œuvres du Diamantaire. Ses petits diamants multicolores et miroitants nous font de l’œil depuis les murs de Paris et d’ailleurs. Mais l’artiste, en véritable forgeron du diamant, travaille aussi des grands formats qui font jouer la lumière et les apparences et nous offrent une vision kaléidoscopique du monde et de nous-mêmes.

Le Diamantaire, c’est un vrai nom d’artisan, de façonneur de diamants. Tu te vois plus comme artiste ou artisan ?

Un peu des deux je pense. J’essaye de mettre l’artisanat en avant, de montrer le travail en atelier. J’ai fait des études de métallerie, et je me suis rendu compte qu’il y avait une dévalorisation des métiers manuels, c’est bien dommage… Personnellement j’y suis très attaché et c’est partie intégrante de mon travail.
Quand je suis arrivé à Paris, j’ai fait des études de graphiste, et je dessinais toujours des logos en cours, dont des diamants. C’est en trouvant un miroir dans la rue que je me suis dit que ce serait intéressant d’associer les deux. Tout le discours s’est constitué après avoir collé mes premiers diamants dans la rue. Je me suis rendu compte après coup de la symbolique du message. C’est ce qui m’a plu dans le projet.

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Et comment devient-on diamantaire ?

Avec ce petit logo que je dessinais partout et que j’ai commencé à coller dans la rue, tout le monde m’appelait Diamant. Je trouvais que le symbole était plus fort qu’un nom. Le Diamantaire, c’est celui qui fait quelque chose. Personnellement je ne connais rien aux diamants. C’est juste de la curiosité envers son aspect et dans son symbole. Je n’ai pas trouvé une identité ou une forme graphique satisfaisante dans le pochoir ou le graffiti, je suis assez mauvais en dessin. Invader, Zevs, Legs… Tous ces artistes qui ont une identité visuelle forte m’ont inspiré. Le logo plus la matière c’est finalement ma signature. Toujours avec l’idée d’offrir quelque chose d’esthétique à la rue.

Pour la petite histoire : dans la première série de diamants que j’ai collés à Paris, j’en ai mis un sur la Place Stravinski une semaine avant que Jef Aérosol ne peigne son autoportrait. Et il l’a laissé ! Du coup beaucoup de gens sont venus voir cette immense fresque, et mon petit diamant à côté.

C’est bien du miroir que tu travailles ?

Oui, et uniquement du miroir de récupération, que je trouve dans la rue. Ce que je préfère c’est les miroirs des portes de placard ! En revanche pour les pièces de galerie, je privilégie un miroir fin et pas trop abîmé.
J’aime beaucoup le fait de recycler, l’idée de donner une seconde vie à ces objets abandonnés. Tout objet, comme toute personne, a droit à une seconde chance. Il faut juste le sublimer, le rendre précieux.

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Le miroir, ça semble extrêmement délicat. Quelles sont les techniques de découpe, d’assemblage ?

C’est pas aussi fragile que ça en a l’air ! J’utilise tout simplement un petit outil qui s’appelle un coupe-verre. On réalise une rayure en surface et voilà. Après, il y a plein de techniques pour travailler la texture du miroir. Par exemple, pour l’œuvre « Crush » qui est accrochée à Art42, c’est en exerçant un chaud-froid que j’ai obtenu ces brisures en surface.
Pour ce qui est des techniques d’assemblage, je fonctionne toujours de la même façon. Je réalise un premier dessin en 2D à plat. Ensuite je monte mes volumes sur un logiciel 3D. Je reprends toutes les pièces du volume dans de l’acier, je les coupe à la cisaille. Une fois que j’ai toutes les pièces d’acier elles me servent de gabarit pour découper mon verre.

Tes diamants parcourent le monde. C’est ta manière de laisser une trace de ton passage dans ces différents pays ?

Ouais je trouve ça cool de laisser un diamant là où je passe, dans les grandes villes, en pleine nature, sur une île… Et le mieux c’est d’avoir des retours de gens de partout dans le monde, c’est juste génial. C’est éphémère mais c’est un souvenir. Et puis si ça peut faire sourire les gens qui les voient… On donne plus rien, plus rien n’est gratuit. Souvent dans l’art il y a trop de fond et pas assez de forme, je n’aime pas le discours élitiste qu’on rencontre trop souvent dans le monde de l’art. C’est pour ça que le street art est intéressant. Il n’y a rien écrit sur mes diamants, je les donne à la rue, jute comme ça.

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Ce sont des petits stickers ? Il y en a combien à peu près à Paris ?

Ce sont des diamants de rue. Je prends un miroir, j’en coupe 15-20, je les peins et je vais les coller par séries. Un diamant c’est quelque chose que t’offre à quelqu’un que t’aime vraiment. L’idée c’est de donner gratuitement un petit joyau à tous.
J’essaye de détourner la fonction du miroir. Le premier emploi du miroir c’est pour se mirer. C’est pour ça que les diamants de rue je les colle suffisamment en hauteur pour qu’on ne puisse pas se voir dedans, mais pour qu’ils reflètent la lumière ou leur environnement. J’aime beaucoup aussi les effets de l’ombre, qui peut être la première chose que l’on remarque.

Pour les pièces de galerie, je ne veux pas qu’il y ait de reflet direct. Je veux plutôt dérouter le spectateur. Avec le diamant de rue, j’essaye de retirer la fonction de reflet et de juste les faire briller. J’ai réalisé un peu plus de 1600 diamants faits pour la rue, et j’ai dû en coller près de 800 à Paris. Mais bien sûr il n’en reste pas la moitié… C’est la loi de la rue !

N174. Rue Richard Lenoir. 11e. 2

Tes diamants de rue sont souvent colorés, mais pour les pièces de galerie, ça reste plutôt monochrome.

J’essaye de faire des pièces uniques, ou presque. Vu que je fais les diamants de rue par séries, la couleur est aussi une manière de les différencier, de varier sur le même thème.
Effectivement pour les pièces de galerie je me concentre plutôt sur la profondeur et la brillance. Je réfléchis à cette notion d’infini, comment jouer avec, travailler les angles de mes pièces, cette diffraction du reflet.

Les pièces de galerie représentent une grosse partie de ton travail ?

C’est en tout cas ce qui me prend le plus de temps et qui me permet d’expérimenter de nouvelles choses, comme des nouveaux formats par exemple. C’est grâce à la galerie Wide Painting que mes premières pièces ont été exposées et que j’ai été lancé sur le marché de l’art contemporain en 2014. Ils m’ont notamment mis en relation avec l’équipe d’Art42 et depuis 2017 j’ai la chance de voir mon travail présenté aux Etats-Unis suite à l’ouverture de la galerie Wide Painting à Los Angeles.

Le diamant c’est vraiment ta signature. Tu ne t’en lasses pas ?

En fait le miroir me fascine. Aussi cet aspect brillant, précieux du diamant qui attire presque irrésistiblement le regard. On peut créer l’infini et c’est assez captivant.
Mais je me rends compte que je pourrais me tourner vers d’autres formes, ou du moins d’autres fonctions. Ces derniers temps je fais des octogones et des hexagones. L’idée m’est venue en mettant en 3D un diamant de rue. Ça me permet aussi d’essayer de nouvelles choses. Par exemple, je suis en train de réfléchir à l’intervention de la lumière dans mon travail. Comment réfracter un seul point lumineux à l’infini. Comment une ampoule peut se refléter à l’infini dans une pièce octogonale. Même si je reste dans des formes minimalistes, il y a encore énormément de choses à explorer.

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Anna Maréchal

[Crédits photos : © DR – Le Diamantaire]

 

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